par Sara Savignac-Rousseau
Cuba est un pays très particulier tant au niveau national en ce qui concerne la politique et le fonctionnement de sa société qu’au quotidien dans la vie de chaque cubain-ne. Effectivement, en tant que Nord-américains-nes, nous avons tout à apprendre ici! Dans la soirée du 28 mai, nous avons fait la rencontre de quelques membres actifs d’un CDR (Comité de Défense de la Révolution). Cette rencontre nous a paru comme une des plus enrichissantes de nos échanges culturels jusqu’à maintenant. Elle nous a permis de nous défaire de certaines idées préconçues par rapport à Cuba. Nous tenterons de présenter les points importants de cette rencontre, sans toutefois y apporter un jugement qui serait d’après nous, prématuré par rapport à nos connaissances encore restreintes à propos de ce pays.
Tout d’abord, qu’est-ce qu’un CDR? Un CDR est un comité qui regroupe les habitants-tes d’une certaine zone à l’intérieur d’une municipalité. Ils ont été mis en place au début des années 1960 (alors que la révolution cubaine était encore jeune) pour répondre à certaines vagues anti-révolutionnaires qui pesaient sur Cuba et qui ont entraîné certains actes terroristes, dont l’explosion de bombes. Ainsi, la création de ces comités mobilisait la population cubaine afin de préserver une sécurité dans les communautés et permettait de dénoncer les individus qui appartenaient à des organisations contre-révolutionnaires. Aujourd’hui, les CDR ont une toute autre utilité. Ils organisent toutes sortes d’activités comme : les fêtes d’enfants, la récupération, un soutient lors de problèmes familiaux ou d’alcoolisme, la sécurité dans les communautés, ils promeuvent certains services de santé tel que le don de sang, les vaccins, etc. Aujourd’hui les CDR sont des organisations neutres et ne s’occupent pas de la politique, mais elles ont comme but le bon fonctionnement de la zone qu’elles couvrent. Nous pourrions comparer les CDR aux COOP d’habitation au Québec.
Qui sont les gens qui s’impliquent dans les CDR? Les CDR sont des organisations où les membres y travaillent bénévolement. Les volontaires qui y travaillent le fond librement selon leurs disponibilités. Les gens ne peuvent pas se présenter comme futurs candidats aux postes des CDR. Ce sont les gens de la communauté qui proposent des individus et les élections se font à partir de ces propositions. Le mandat des représentants est de quatre ans.
Les médias et la censure à Cuba
Qu’elle est une des premières choses qui vous vient à l’esprit quand vous pensez à Cuba? Souvent, c’est la censure. Pourquoi tout semble toujours bien aller à Cuba alors que nous savons très bien que Cuba a ses failles? C’est pourquoi nous avons posé la question aux gens présents à notre rencontre. Ils ont débuté leur réponse en expliquant que la censure n’est pas un phénomène unique à Cuba. Quel que soit le pays ou le système politique, il y a toujours un pouvoir qui est exercé sur les médias. Aussi, il y a une autre chose à comprendre ; les médias à Cuba ne sont pas à but lucratif. Il n’y a pas de sensationnalisme afin d’attirer le consommateur à acheter le journal par exemple. De plus, il n’y a pas seulement un journal contrôlé et écrit par la même organisation. Il y a le journal de la jeunesse, de la Fédération des femmes cubaines, des étudiants, des étudiants universitaires, du parti, en plus de celui de chaque municipalité.
Le phénomène des deux emplois à la fois
À Cuba se trouve un phénomène commun marquant le problème économique qui touche tous les citoyens-nes. Par exemple, un Cubain exercera la médecine le jour et sera chauffeur de taxi la nuit. Parfois, il ira jusqu’à laisser complètement son emploi initial afin de conduire un taxi (ce qui est plus payant puisque la clientèle touristique est de plus en plus importante à Cuba). Nous n’avons pas vraiment eux de réponse ou d’explication à ce phénomène. Les choses se déroulent ainsi et par nécessité, les gens ne peuvent pas empêcher quelqu’un de vouloir survivre. Par contre, les gens se disaient très déçus d’un comportement de médecin qui abandonne son travail pour aller vers le tourisme. Pourquoi? L’éducation est gratuite à Cuba et celui ou celle qui le veut et le peut à l’opportunité de faire ses études pour devenir médecin. Par contre, la personne qui laisse son travail fait perdre beaucoup à la société qui lui aura payé ses études (qui sont dispendieuses) en ne ‘payant’ pas sa dette à la société en travaillant.
Révolution – Période spéciale – Maintenant
Depuis la révolution, les Cubains-nes ont toujours vécu avec l’embargo. Par contre, après la révolution, Cuba a développé beaucoup de liens avec l’URSS avec qui il faisait la majorité de ses échanges. Par contre, lors de la chute de l’URSS, Cuba a tombé dans la période dite ‘spéciale’. Le pays vivait dans une grande pauvreté et le Canada représentait alors son principal partenaire économique. Il manquait de plusieurs produits qui lui étaient nécessaires comme le pétrole par exemple. Cuba a dû se débrouiller avec ses propres moyens afin de subsister le mieux possible. Maintenant, il a beaucoup profité des échanges avec le Canada surtout avec les vaches laitières. Aujourd’hui, Cuba a apprit de ses expériences et tente de se diriger vers une plus grande autonomie. Par exemple, il préconise la culture biologique afin d’éviter de contaminer ses terres cultivables et de leur donner une plus grande durée de productivité.
La révolution du point de vue de la nouvelle génération
Les cubains qui ont vécu la révolution voient les changements apportés par elle et la supporte malgré les moments difficiles qu’elle peut occasionner dans la vie de chaque cubain-e. C’est pourquoi ils s’impliquent volontairement dans les CDR par exemple. Et la nouvelle génération, qu’en pense-t-elle? Il est clair que la lutte pour la révolution cubaine se poursuit toujours. N’ayant pas vécu les mêmes histoire et réalité, cette nouvelle génération voit la révolution d’un point de vue différent. Par contre, elle vit des changements dans l’histoire ainsi que de nouveaux défis à surmonter. Malgré ces changements, l’esprit de la révolution vit toujours à Cuba et elle évolue.
Les différences entre Raúl et Fidel
Fidel est considéré comme un leader à Cuba. Le personnage presque mythique de Fidel et l’importance de sa contribution dans la révolution ont mené le peuple cubain à le suive tant dans ses bonne décisions que dans ses mauvaises. Fidel décidait de pratiquement tout ce qui concernait le pays. Ainsi, tous les pouvoirs reposaient dans les mains d’une personne. Après son départ, le pouvoir est passé davantage aux mains du parti et les différentes responsabilités ont été distribuées à un nombre plus grand de personnes. Raúl est maintenant mis à l’avant scène. Ce qui le différencie davantage de Fidel est qu’il est plus nationaliste et prend des décisions qui concernent plus ce qui se passe à l’intérieur du pays tandis que le leader était plus internationaliste et cherchait à créer des contacts et des échanges avec d’autres pays.
À propos de Miami…
Beaucoup de cubains veulent sortir du pays pour vivre le rêve américain. Présentement, environ 8% de la population cubaine se trouve aux États-Unis. Les États-Unis promettaient près de 20 000 visas aux cubains pour qu’ils aient vivre sur leur terre. Par contre, c’est entre 4 000 et 5 000 visas qui ont été délivrés. Ceci a pour résultat qu’il y a encore des Cubains-es qui meurent en tentant le voyage par bateau jusqu’aux États-Unis. Auparavant, les gens quittaient Cuba par conflit idéologique et politique, ce qui créait des tensions. Aujourd’hui, les Cubains-es qui quittent Cuba, le font d’abord et avant tout pour des raisons économiques. Les gens retournent donc à Cuba pour visiter leur famille et on organise des fêtes à leur venu, sans qu’il y ait de haine et de conflits en ce qui concerne les idéologies politiques.
11 juin 2008
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