1 juillet 2009

LES BRUITS CUBAINS

À 6h30am, la musique commence. Pas n’importe laquelle. En effet, il semble que pour être sélectionnée pour jouer à cette heure, il faut absolument qu’elle soit quétaine. Et cette musique joue fort, très fort. Ainsi se déroulèrent nos premiers réveils en terre cubaine. Ensuite on va dans la douche. Si c’est une cubaine qui occupe la douche d’à côté, on le sait tout de suite. Les québécoises avons l’habitude de chanter dans la douche, mais dans l’intimité seulement. Pour les cubaines, cela semble être différent. Le caractère public des douches ne les gêne pas le moins du monde. Puis : « TAAAANIAAA!!!! », « MARCEEELOOOOO!!!!! », « MARIIIIIAAAAA!!!!! ». Les Cubains n’essaient pas d’aller trouver la personne à qui ils veulent parler, ils l’appellent! Mais l’édifice comporte quatre étages! Alors ils font en sorte que, peu importe l’endroit où la personne à laquelle ils veulent parler se trouve dans le bâtiment, elle entendra clairement l’appel. Tout le monde fonctionne ainsi. Tout le temps. À n’importe quelle heure. Bon, ensuite on sort dehors. On marche paisiblement quand, tout à coup, « MEUHHHHH ». À chaque fois, je passe proche de faire une crise cardiaque. Quand on marche dans les rues, ce ne sont pas les bruits qui manquent. Je dois dire qu’ici, une cohorte de jambes blanches, ça ne passe pas inaperçu : « TSSSSS! TSSSSS! » et « SMACK, SMACK » (bec sonore avec la bouche comme on a l’habitude de faire pour appeler les chiens…). Les cubains n’ont vraiment aucune gêne à exprimer leur intérêt par ces bruits qui nous semblent si préhistoriques. On a même eu droit aux : « TSSS!TSSS! » de gardiens de sécurité d’un musée, c’est tout dire. Dans les rues d’El Trigal, notre petit cartier de banlieue, on peut, les yeux fermés, avoir une bonne idée de la population animale qui s’y trouve. Les classiques : « WOUF!WOUF! » abondent. Les chiens ici sont en fait très nombreux et ils jappent beaucoup. Beaucoup. On les entend de loin. Comme dirait Véro : « J’ai l’impression d’habiter dans un chenil ». Un peu plus rares, mais bien présents près de certains coins de rues, il y a les « COCORICÔÔÔÔ! » (ou, si on traduit en cubain : « KIKIRIKIII! ») et aussi les charmants : « GOIIINNNKK! GOIIINNNKK! » des porcs qui surprennent encore et toujours. Une fois rendus dans nos maisons d’accueil où l’on va souper tous les soirs, la communication entre voisins m’étonne constamment. L’accès à la maison n’est possible qu’une fois traversée la clôture sur le bord de la rue, et il n’y a pas de sonnette. Résultat : les gens se postent devant la clôture et appellent jusqu’à ce qu’on vienne leur répondre : « NIUUURKAAA!!! ». Bien sûr, on leur répond depuis la maison : « YA VOY!!!!!!! ». Ce qui m’étonne aussi, c’est la quantité de voisins qui peuvent passer en une soirée. Tout le monde ici se connaît et tous accordent une grande importance à saluer et à s’informer des gens qui vivent proche d’eux. Malgré les cris, l’amitié est papable. Enfin, on retourne à la résidence ou les cris et les rires abondent. Les télévisions et la musique sont encore à tue tête. On s’endort comme on s’est réveillé.

Mélinka

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